La gloire de GRIGNON, Temple de l’agronomie française, est partout chantée, y compris dans l’œuvre de Victor HUGO ! Si cet amoureux éperdu de la nature et du patrimoine avait appris que l’Etat entendait brader cet Eden au PSG et au QATAR pour qu’ils y sèment des terrains de football ou un hôtel de luxe pour vedettes des temps nouveaux, nul doute qu’il eut fait entendre sa forte voix !
Depuis le début du 19ème siècle, la gloire de GRIGNON, Temple de l’agronomie française, est partout chantée !
Y compris dans l’œuvre de Victor HUGO !
Le grand poète mit en effet GRIGNON en vers, au détour d’un quatrain, dans son recueil Les Chansons des rues et des bois, publié en 1865, durant son exil bruxellois.
Dans cette vaste fresque faisant contrepoint à la Légende des siècles, HUGO consacre un long poème intitulé L’Ascension humaine aux rapports de l’homme et de de Dieu. Au travers d’une succession de quatrains heptasyllabiques, ce chant en deux parties d’égales longueurs consacre la première à moquer la présomption qu’à l’homme de se croire indispensable à Dieu.
Écoutons HUGO !
Tandis qu’au loin des nuées,
Qui semblent des paradis,
Dans le bleu sont remuées,
Je t’écoute, et tu me dis :
« Quelle idée as-tu de l’homme,
« De croire qu’il aide Dieu ?
« L’homme est-il donc l’économe
« De l’eau, de l’air et du feu ?
« Est-ce que, dans son armoire,
« Tu l’aurais vu de tes yeux
« Serrer les rouleaux de moire
« Que l’aube déploie aux cieux ?
« Est-ce lui qui gonfle et ride
« La vague, et lui dit : Assez !
« Est-ce lui qui tient la bride
« Des éléments hérissés ?
« Sait-il le secret de l’herbe ?
« Parle-t-il au nid vivant ?
« Met-il sa note superbe
« Dans le noir clairon du vent ?
« La marée âpre et sonore
« Craint-elle son éperon ?
« Connaît-il le météore ?
« Comprend-il le moucheron ?
« L’homme aider Dieu ! lui, ce songe,
« Ce spectre en fuite et tremblant !
« Est-ce grâce à son éponge
« Que le cygne reste blanc ?
« Le fait veut, l’homme acquiesce.
« Je ne vois pas que sa main
« Découpe à l’emporte-pièce
« Les pétales du jasmin.
Et soudain, au détour d’une nouvelle illustration de la suprématie divine, surgit … GRIGNON !
« Ce laboureur, la tempête,
« N’a pas, dans les gouffres noirs,
« Besoin que Grignon lui prête
« Sa charrue à trois versoirs. !!
Ainsi, pour symboliser l’intelligence humaine, modeste face à Dieu, mais pourtant infinie, c’est GRIGNON et ses inventions agraires révolutionnaires que convoque le poète !
Preuve, s’il en était besoin, que déjà, GRIGNON rimait comme aujourd’hui avec science, audace, et innovation !
HUGO visita-t-il GRIGNON ?
S’il y était venu, ce panthéiste dont la contemplation des arbres emplissait « le cœur d’amour » et qui leur parlait comme un amant à sa maîtresse, aurait follement aimé ce lieu de paix, de science, d’art, et d’harmonie.
Et s’il avait appris que l’Etat entendait brader cet Eden au PSG et au QATAR pour y laisser semer des terrains de football ou un hôtel de luxe pour vedettes des temps nouveaux, sans doute aurait-il réécrit, contemplant le vaste espace naturel menacé :
« C’est une triste chose de savoir que la nature parle et que les hommes n’écoutent pas. » !