Depuis des siècles, les oiseaux enchantent les cieux de GRIGNON. Pourtant, à leur vol gracieux, certains voudraient substituer celui, moins bucolique, des ballons du PSG … Prenons garde : les uns ne pourront cohabiter avec les autres et nos amis ailés seraient donc les premières victimes de la dénaturation du site de GRIGNON si le club de football et ses propriétaires qataris s’y installaient.
Le parc intra-muros du domaine de Grignon est réputé depuis plusieurs siècles ; c’est un site remarquable à tous points de vue. Il est mondialement connu par sa « falunière » mais beaucoup moins par sa biodiversité. Ce sont 219 ha entièrement clos de murs qui présentent des biotopes variés.
Nous y trouvons une zone type parc boisé du XVIIIe siècle, des terres agricoles exploitées, des zones sauvages laissées à elles-mêmes et des bâtiments divers. Ces quatre types de zones vont nous permettre de faire une ballade ornithologique. Depuis que nous visitons ce parc plusieurs fois par an et sur lequel nous avons sept points d’écoute, nous avons recensé 73 espèces différentes. Nous les resituons dans leur milieu.
Commençons notre promenade par l’ancien parc (parc de l’École de Grignon sur le plan ci-dessus) dont nous avons évoqué le site précédemment. En pénétrant dans cette zone laissée à l’état naturel, nous allons rencontrer ici et là des oiseaux traversant les allées et selon la saison simplement les entendre ; en effet quand les feuilles sont sur les arbres nous ne percevons alors que cris et chants.
Les plus gros de ces oiseaux, des rapaces diurnes :
La Buse variable (Buteo buteo) nicheuse certaine, on peut l’apercevoir volant au-dessus des frondaisons et surtout l’entendre.
La Bondrée apivore (Pernis apivorus) a été entendu ; serait-elle nicheuse ? aucune certitude, elle est friande de naissains de guêpes ou d’abeilles sauvages.
Le Faucon hobereau (Falco subbuteo) arrive fin mars début avril ; il a la forme d’un grand martinet, des ailes en faux. En vol, il chasse les gros insectes et ne dédaigne pas de capturer aussi des oiseaux. Sa nidification n’est pas avérée.
Parmi les rapaces nocturnes nous citerons
La Chouette hulotte (Strix aluco) entendue et reproductrice certaine.
Les oiseaux forestiers plus spécifiques tels que :
Le Geai des chênes (Garrulus glandarius) reproducteur certain et présent dans toutes les parties plus ou moins boisées.
Le Pigeon ramier (Columba palumbus) également reproducteur sur le site ; on peut le voir partout et en toutes saisons. Selon la période de l’année la nourriture varie.
Le Pigeon colombin (Columba oenas) beaucoup plus rare que le précédent, seulement discernable par ses manifestations sonores.
la Corneille noire (Corvus c. corone) très souvent dénommée à tort « Corbeau » présente partout dans le domaine.
L’Étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris) auquel il faut des cavités pour la nidification ; il en trouve partout aussi bien dans les arbres que dans les bâtiments.
La Mésange charbonnière (Parus major) est assez abondante partout où il y a des cavités qui lui servent à nicher.
La Mésange bleue (Parus caeruleus) est nettement moins fréquente que sa cousine précédente.
La Sittelle torchepot (Sitta europaea) vit en forêt ou plus généralement dans les zones où de vieux arbres sont encore sur pied ; c’est le seul oiseau qui « dégrimpe » des arbres la tête en bas.
Le Grimpereau des jardins (Certhia brachydactyla) toujours sur les troncs où il trouve sa nourriture dans les anfractuosités des écorces ; il passe inaperçu, son plumage étant très mimétique.
Le Merle noir (Turdus merula) présent partout où il y a des buissons, aussi bien en forêt qu’en parties jardinées.
La Grive musicienne (Turdus philomelos) une très bonne chanteuse, toujours au faîte d’un point élevé d’où elle émet son chant harmonieux.
Le Pic épeiche (Dendrocopos major) un pic de la taille d’un merle mais essentiellement forestier.
Le Pic noir (Dryocopus martius) un oiseau de la taille d’une corneille auquel il faut de gros arbres dans lesquels il creuse des loges de grandes dimensions.
Le Pouillot véloce (Phylloscopus collybita) très petit oiseau insectivore qui se reproduit sous nos latitudes ; c’est un petit migrateur, petit non pas par la taille mais par ses déplacements migratoires limités.
La Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla) comme le précédent c’est un oiseau migrateur de faible amplitude, mangeur d’insectes ; on la trouvera aussi bien dans les zones forestières que dans les jardins, elle aime bien les herbes un peu en fouillis.
Le Rouge-gorge (Eritacus rubecula) c’est dans cet environnement ainsi que dans les jardins que nous retrouvons cet oiseau sympathique en apparence seulement car il est agressif envers ses congénères.
Continuons notre promenade à travers les zones de cultures et de prairies où paît du bétail (moutons ou jeunes vaches). Ainsi nous nous rapprochons du ru de Gally qui traverse le domaine d’est en ouest. C’est près de l’eau que les premiers oiseaux aquatiques ou toujours proches des zones humides vont être rencontrés :
Le Canard colvert (Anas platyrhynchos) espèce banale en soi mais dont les canetons malheureusement payent un lourd tribu aux corneilles, pies et autres prédateurs.
La Gallinule-poule d’eau (Gallinula chloropus) oiseau insectivore qui recherche ses proies dans les herbes aquatiques principalement.
La Bergeronnette grise (Motacilla alba) appelée également « lavandière », toujours très active près des animaux. Elle aime bien avoir les pieds dans l’humidité.
La Bergeronnette des ruisseaux (Motacilla flava) beaucoup moins courante que la précédente. Toutes les bergeronnettes sont généralement proches des zones humides.
Le Rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos) dont les effectifs se font de plus en plus rares. Il est également dans des fouillis très souvent un peu humides. C’est un chanteur remarquable.
Quittons les rives du ru pour nous diriger vers les champs ; c’est là que nous trouvons :
La Fauvette grisette (Sylvia communis) va émettre son chant nuptial à partir du sommet d’un buisson en bordure de culture avec quelques ronciers. On va la trouver à l’orée d’un bois bien exposée au soleil.
La Locustelle tachetée (Locustella naevia) très difficile à voir mais une stridulation type insecte, révèle sa présence ; l’oiseau en soi est couleur herbes sèches.
Le Tarier pâtre (Saxicola torquata) dont les manifestations sonores, assez discrètes d’ailleurs, attirent notre attention, ce peut être une alarme ? En inspectant les piquets ou le haut des arbustes on a des chances de l’apercevoir.
Le Traquet moteux (œnanthe œnanthe), comme son nom l’indique est plus près du sol que son cousin ci-dessus. Depuis plusieurs années il est visible toujours au même endroit à la même période.
Le Moineau domestique (Passer domesticus) reviendra sur les cultures céréalières dès que les épis commencent à être attractifs et les grains accessibles ; c’est là qu’on constate que le terme une « volée de moineaux » est bien caractéristique de l’espèce.
L’Alouette des champs (Alauda arvensis) dans les cultures principalement ; c’est là qu’elle se reproduit. Elle est absente, voire peu fréquente à la mauvaise saison ; les migrateurs qui sont allés dans le sud de la France remontent en fin d’hiver. Son chant est bien connu et toujours lancé, l’oiseau étant en vol stationnaire.
La Caille des blés (Coturnix coturnix) oiseau des cultures revient d’Afrique à la mi-printemps ; son cri d’appel est caractéristique « paie tes dettes, paie tes dettes… ». Il repart vers ses quartiers africains assez tôt en fin d’été.
La Perdrix grise (Perdix perdix) très visible sur les labours en fin d’hiver à l’époque de formation des couples ; elle se cache dans les végétaux qui poussent dès que le printemps arrive, c’est un oiseau dont les chasseurs sont amateurs.
Le Faisan de Colchide (Phasianus colchicus) peut être rencontré dans les cultures, il y vient chercher sa nourriture mais également en sous-bois où la femelle pond ses œufs au sol. Comme l’espèce précédente c’est un oiseau très prisé des chasseurs ; l’espèce comme pour tous les autres faisans a été importée d’Asie.
La Linotte mélodieuse (Carduelis cannabina) est un petit passereau granivore qui va être rencontré près des cultures où elle exploite diverses graines. Son chant est très mélodieux d’où son appellation.
Le Héron cendré (Ardea cinerea) n’est pas nicheur dans le domaine mais il est observé sur les cultures ou dans les labours où il capture entre autres des petits mammifères du genre campagnols.
Le Corbeau freux (Corvus frugilegus) n’est pas nicheur dans le domaine mais plusieurs sites de nidification (corbeautières) existent non loin du site de Grignon, les adultes et les jeunes trouvent à manger dans les prairies et dans les cultures.
Nous sommes maintenant dans le jardin anglais et le petit arboretum, là nous allons retrouver un grand nombre d’espèces dont nous avons déjà parlé ; on peut voir également :
L’Accenteur mouchet (Prunella modularis), encore appelé « moineau des haies », est un oiseau discret qui se déplace très souvent au sol, son chant printanier précoce est assez harmonieux.
Le Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) dont le ramage ressemble à son plumage aime se nourrir non seulement de capitules de chardons mais de toutes graines mises à sa disposition.
Notre promenade nous ramène vers le château où là aussi on va observer quelques espèces intéressantes telles que :
Le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) est un petit rapace assez courant, c’est lui qui repère ses proies en volant sur place (vol en « Saint-Esprit »). Il est nicheur dans des cavités existantes sur le château.
Le Choucas des tours (Corvus monedula) niche également sur le château, son cri est typique de l’espèce ; c’est un oiseau grégaire comme le corbeau freux.
L’Hirondelle de fenêtre (Delichon urbica) bâtit son nid sous les rebords supérieurs des fenêtres ou sous les bordures des toitures. Ce migrateur revient normalement fin mars début avril. Ce sont les mâles qui arrivent en premier pour occuper l’espace vital.
Le Martinet noir (Apus apus) niche dans les cavités des bâtiments, des anfractuosités… ou toute partie creuse qui lui convient. C’est une espèce qui ne se pose jamais, excepté pour la ponte et la couvaison évidemment ; il arrive en Île-de-France fin avril-début mai et les adultes sont repartis à la mi-juillet.
Là s’arrête notre promenade aérienne dans laquelle nous avons rencontré une bonne partie des oiseaux ; il y en a encore d’autres que vous trouverez certainement lors d’un parcours dans le domaine.
Supposons maintenant que quelque chose se produise ou que quelqu’un décide de transformer le site, en coupant les arbres, en transformant les cultures par un engazonnement privé de toute vie intérieure (entomofaune terrestre), en couvrant le ru, en construisant des locaux ou autre chose : tout cela priverait de nourriture tous les animaux quels qu’ils soient !