C’était à la fin des années 1980. Le Roi Fahd d’ARABIE SAOUDITE avait eu un coup de cœur pour un petit coin de paradis de la plaine de VERSAILLES : l’ancienne faisanderie royale, près de BAILLY. Sans autorisation, il fit raser les dernières ruines historiques, arracher un bois centenaire, niveler le site … Avant de l’abandonner … Une préfiguration du sort de GRIGNON vendu au QATAR ?
Souvenons-nous. C’était à la fin des années 1980. Le Roi Fahd d’ARABIE SAOUDITE avait eu un coup de cœur pour un petit coin de paradis de la plaine de VERSAILLES, à quelques battements d’ailes du château de Louis XIV : l’ancienne faisanderie royale, située aux bords du ru de GALLY, entre BAILLY et FONTENAY-LE-FLEURY, au lieu-dit LES MOULINEAUX.
Construite en 1680, époque où le Roi Soleil rachetait les terres adjacentes au Grand Parc afin d’étendre son territoire de chasse, la Faisanderie était destinée, comme son nom l’indique, à l’élevage de faisans et autres gibiers à plumes pour les chasses royales. Elle s’étendait sur trente-deux hectares clos de murs et comprenait outre les bâtiments consacrés à l’élevage des gibiers, ceux destinés à l’accueil du Roi et de sa suite lors des chasses, au logement des gardes et … à la lessive royale !
En acquérant le vaste domaine, dont subsistaient alors de belles ruines historiques et un vaste espace naturel, le roi Fahd entendait se faire construire, dans l´axe du château de VERSAILLES, un luxueux palais avec tous ses accessoires.
Habitué à agir en monarque, même en terres républicaines, le souverain fit aussitôt raser, sans autorisation, les dernières ruines historiques de l’ancienne propriété royale, arracher un bois centenaire et procéder à d’importants travaux de nivellement et de compactage du site, sans oublier de manipuler les ruisseaux courant sur la propriété.
En quinze jours, le site avait changé de visage.
De la Faisanderie de Louis XIV, plus rien !
« Tout cela, écrivait Le Nouvel Observateur, dans un site hautement protégé (…). Et sans aucune autorisation: pas de déclaration d’ouverture de chantier, pas de permis de démolir ni d’édifier des clôtures, pas d’autorisation d’installations et travaux divers. »
Puis, quand le domaine fut mis à plat et les gênants témoins du passé évacués, le Roi exigea des autorités, avant de lancer l’édification de son palais, que lui soit construit un accès direct à l’autoroute A 12, proche de ses terres.
Sans doute dans le louable et écologique souci d’économiser le carburant de ses limousines !
Mais, par malchance pour lui, la FRANCE fêtait alors en grande pompe le bicentenaire de sa Révolution, donc de l’abolition des privilèges, et la « bretelle du roi Fahd » devait déclencher une furieuse polémique, relayée par les journaux du monde entier grâce à la détermination du maire de FONTENAY, Anne LE PIVAIN.
La Guerre du Golfe fut le prétexte pour enterrer la gênante affaire, et le monarque, boudant son petit VERSAILLES gâché, délaissa la Faisanderie.
Dix ans plus tard, Le Parisien procédait à un triste état des lieux :
« Autour de l´immense propriété, envahie par la végétation, le mur d´enceinte s´écroule. Par les trous béants, on voit les traces d´occupations clandestines, vieux matelas, décharge sauvage, carcasse de voiture. On y entend claquer, dans le fouillis végétal, les coups de feu d´amateurs de lapins, de renards et de perdreaux… La nuit, témoignent des riverains, on voit s´y arrêter des voitures. « Voilà que ça recommence ! », grommelle le voisinage, en se souvenant que la Faisanderie, des années durant, fut le repaire de petits trafiquants. »
Le nouveau maire de FONTENAY LE FLEURY devra lancer des ultimatums, inviter le Préfet sur place pour constater l’ampleur des dégâts, menacer de porter l’affaire en justice … pour enfin pouvoir rencontrer le chargé d’affaire du Roi. « Après trois heures de discussion, confiera-t-il au terme de celle-ci, je ne sais toujours pas ce qu´il compte faire du terrain, mais j´ai mis le propriétaire en demeure de réaliser les travaux d´entretien, indispensables pour garantir la sécurité. »
Près de 20 ans après, la Faisanderie abandonnée serait sur le point d’être revendue à la FRANCE par l’ARABIE SAOUDITE …
Dans la péninsule arabique, le roi Fahd est un voisin très proche de l’Emir du QATAR. 600 kilomètres seulement séparent en effet RIYAD de DOHA. Ce voisinage, les monarques pourraient bien le dupliquer en FRANCE si, comme la rumeur le laisse entendre, l’Emir AL KATANI décidait d’acquérir, à 14 kilomètres de la Faisanderie des MOULINEAUX, le domaine de GRIGNON, mis en vente par l’Etat.
Mais que voudrait faire l’Emir Qatari du château construit en 1636 par Nicolas de BELLIEVRE, marquis de GRIGNON et seigneur de NEAUPHLE, et de son vaste domaine clos de murs, terre de science, de nature et de culture qui accueillit entre autres Napoléon, Raymond POINCARE et Charles DE GAULLE ?
Rien d’autre que le centre d’entrainement ou la résidence de luxe de ses joueurs de football du PSG !
Au prix de quels aménagements ? De quels bouleversements ? Des quelles destructions ?
Le précédent saoudien fait froid dans le dos des grignonais et de tous les défenseurs de ce site d’exception.
Malgré toutes les promesses et tous les engagements qui pourraient être pris, l’expérience démontre en effet combien certains monarques étrangers savent agir comme bon leur semble dans leurs propriétés françaises et combien les dirigeants français, quelle que soit leur couleur politique, se muent en grands enfants timides devant leur puissant « invité ».
Voilà pourquoi nous exigeons de l’Etat qu’il sache dire non au QATAR, même lorsqu’il sortira son gros chéquier.
Voilà pourquoi nous demandons à ses représentants de se souvenir de la Faisanderie des MOULINEAUX afin de sauver GRIGNON !