A GRIGNON : un Musée du Vivant plutôt que les terrains de football du PSG !

Au Château de GRIGNON, à 20 kilomètres à l’ouest de VERSAILLES, un musée exceptionnel pourrait bientôt ouvrir ses portes aux visiteurs : le Musée du vivant, premier musée international sur l’écologie et le développement durable. Au moment où les ambitions du PSG menacent le superbe domaine de GRIGNON, il est temps de rappeler ce formidable aspect de ses riches patrimoines.

 

Créée en 2005, le Musée du Vivant rassemble les collections patrimoniales d’AgroParisTech, la grande école d’ingénieurs dans le domaine du vivant et de l’environnement. Son but est à la fois de préserver les richesses d’une institution ayant bientôt deux siècles d’existence et de les inscrire dans un projet culturel d’avenir.

Le Musée du Vivant, qui conserve notamment les archives de René Dumont, de René Dubos, s’est également développé grâce à d’importants dons documentaires ou artistiques. « Des œuvres de sculpteurs, peintres, photographes, cinéastes, dessinateurs, architectes… côtoient des instruments scientifiques, des maquettes de machinisme agricole, des affiches, des photographies, des films, une xylothèque, des animaux naturalisés, des fossiles… Il couvre la pré-écologie depuis la fin du XVIIIe siècle (naturalistes voyageurs, philosophes, scientifiques du vivant…) et continue sa collecte jusqu’aux productions actuelles. » annonce son site internet.

A ce jour, le Musée du Vivant n’est malheureusement pas ouvert au public comme un musée traditionnel. C’est un musée de collections, consultables sur rendez-vous par les chercheurs, un musée de diffusion mais aussi un musée virtuel, offrant un aperçu de ses richesses par l’intermédiaire de son site.

La création à GRIGNON d’un centre post COP 21, centre international d’échanges, de formation, d’innovation et de médiation, projet défendu par le Collectif pour le Futur du Site de GRIGNON, pourrait-être l’occasion d’ouvrir enfin au public, dans les salles du château, ce formidable musée.

Un projet autrement ambitieux et adapté à l’histoire et à la vocation du site que la création d’un hôtel de luxe pour stars du football ou d’un centre d’entraînement destiné à rivaliser avec ceux des concurrents européens du PSG !

Le 2 mars 2009,  dans un article signé Brigitte Perucca intitulé « Des archives de René Dumont aux dérives idéologiques, le Musée du vivant veut montrer l’écologie dans toutes ses dimensions », Le Monde proposait une visite guidée de ce musée virtuel.

Alors, suivons le guide !

« Un des mérites de ce jeune musée, qui se visite uniquement sur rendez-vous, est de fixer des repères, de débroussailler le terrain, et ce en montrant des œuvres et des documents qui appartiennent à toutes les dimensions de l’écologie : scientifique forcément, politique bien sûr, mais aussi économique, pratique et culturelle, l’environnement ayant inspiré un grand nombre d’artistes. Entreposées plus qu’exposées au château de Grignon, dans les Yvelines, propriété de l’école, les collections brassent toutes ces dimensions.

« L’écologie a une vraie histoire, et cette histoire n’est pas du tout connue », relève Laurent Gervereau (depuis 2004 à la tête de la direction du patrimoine et de la documentation d’AgroParisTech). Qui se souvient, par exemple, de la Britannique Barbara Ward et du Français René Dubos (inventeur du concept « penser global, agir local »), co-auteurs, en 1972, d’un rapport intitulé Only one Earth (« une seule Terre ») présenté à l’occasion du Sommet de la terre de Stockholm ? Qui connaît la biologiste américaine Rachel Carson qui, dans son livre Silent Spring (« printemps silencieux »), paru en 1962, fut la première à évoquer la pollution massive provoquée par les pesticides ?

Riche au plan scientifique grâce à la vocation même de l’école d’agronomie dont il dépend (première maquette de moissonneuse-batteuse américaine, herbiers, boîtes entomologiques d’insectes, etc.), le musée retient surtout l’intérêt pour ses collections à dimension politique. De la collection intégrale de La Gueule ouverte, « le journal qui annonce la fin du monde », né en 1972, aux archives de René Dumont, pionnier de l’écologie politique en France, mais aussi étudiant puis professeur pendant plus de quarante ans à l’Institut national d’agronomie (ancêtre d’AgroParis Tech), en passant par une masse d’affiches militantes, la somme rassemblée est considérable.

Sans esprit « de propagande ni partisan », insiste Laurent Gervereau, qui rejette l’idée d’un musée qui serait le reflet de « la construction triomphale d’une idée ». De l’écologie radicale aux mouvements aryens vantant la proximité à la nature, les excès suscités par l’idéologie du retour à la terre sont d’ailleurs aussi évoqués.

Forcément non exhaustif, le Musée du vivant se veut une mine pour la recherche. Avis en particulier à tous les chercheurs, dont l’intérêt envers René Dumont ne s’est pas encore manifesté, si l’on en croit M. le Conservateur : « Cherchez une thèse de référence sur René Dumont, il n’y en a pas ! », nous assure-t-il. »

Demain, avec l’ouverture au public et aux chercheurs du Musée du Vivant, les thèses de référence sur René Dumont devraient se multiplier.

Au cœur du temple de l’agronomie française, voilà qui serait tout de même  mieux que … des travaux pratiques de Zlatan …